FAUT-IL AVOIR PEUR DE L’I.A. ?

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Extrait de l'entretien d'Anne Horel pour le magazine PHOTO n°555 - Faut-il avoir peur de l'IA ?

 

« C'est une véritable révolution que cet outil est en train d'apporter à l'histoire de l'art ! »

 

Comme beaucoup s'en inquiètent, aucune chance que l'IA remplace les artistes alors ?

Ce n'est pas parce qu'on invente un nouvel outil que l'humain disparaît. On ne peut pas supprimer la main de l'artiste qui crée.

Chaque fois qu'on invente de nouveaux outils, elle est simplement déplacée. L'IA est nourrie de la conscience humaine et je trouve ça proche du sublime. C'est un outil qu'il faut prendre comme tel. N'importe qui peut créer une image sans avoir pris de cours de dessin ou de photo, c'est extrêmement libérateur en termes de créativité. Ça ne veut pas dire que ce n'est plus utile d'apprendre d'autres techniques. C'est comme dans tout, la peinture, la sculpture, la photographie, se spécialiser dans une seule technique c'est un peu limité, c'est bien d'explorer d'autres terrains. Et il y a finalement assez peu d'artistes mono-technique. La réponse à toute interrogation ou peur, c'est que ce n'est pas parce qu'on a inventé le stylo que la peinture a disparue...

 

C'est une véritable révolution qui secoue beaucoup de secteurs, comment perçois-tu l'avenir en lA, penses-tu que la pratique va s'intensifier, se démocratiser, se pérenniser ? Qu'à terme tout sera empreint d'IA, les couvertures de magazines, les pubs, les musées...?

C'est une technologie qui va continuer à évoluer à une vitesse phénoménale et finir par prendre une place gigantesque. Il y a eu par exemple une exposition 100% lA* (*Ca n'existe pas) à la NFT Factory... C'est une véritable révolution que cet outil est en train d'apporter à l'histoire de l'art !

Mais encore une fois ce n'est pas parce qu'on aura le loisir de se servir de cet outil que tout le reste va être remplacé. Comme toute nouveauté, elle crée une énorme effervescence. On est en plein dans cette émulation du jour de Noël, on a ouvert nos cadeaux, tout est génial et on est excités comme dans une montée de sucre. C'est une technologie qui suscite énormément d'émotion et d'effet « Waouh », mais surtout de débat, elle va finir par trouver sa place ...

 

Afin d'aller plus loin, lire l'integralite de l'entretien dans le magazine PHOTO n°555 - Avril 2023.


Source : PHOTO Magazine


 

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Extrait de l'entretien de Jos Avery pour le magazine PHOTO n°555 - Faut-il avoir peur de l'IA ?


« J'aime travailler avec l'IA car je suis à l'origine de l'idée, j'ai le choix et le pouvoir de sélection et j'ai la main sur les finitions. »

 

Chacune de vos images est accompagnée d'une histoire de vie inventée. Où allez-vous chercher l'inspiration pour les écrire ?

J'ai toujours aimé inventer des histoires, ça me fait retomber en enfance. Quand mes enfants étaient plus jeunes, ils ne voulaient jamais que je leur lise des livres, mais adoraient que j'invente des histoires pour eux et j'y ai vraiment pris goût.

J'ajoute ces histoires en légendes de mes images pour que les personnes que je crée prennent vie. J'ai beaucoup de retours me disant que mes images sont belles et touchantes, mais plus de gens encore me disent que ce sont les textes qui y sont associés qui créent l'émotion.

De manière pratique, je m'appuie aussi sur l'IA pour créer les légendes de mes images. Je lui donne l'idée et la trame et elle remplit les blancs, ajoute des détails. Je dois toujours retravailler le texte ensuite, ne serait-ce que pour modifier les inconsistances que l'IA invente, mais aussi pour le formuler d'une manière qui me plaît davantage.

 

Pourquoi chercher à rendre vos personnages vivants alors que vous les marquez comme fictionnels ? Pensez-vous que le concept du témoignage documentaire soit compatible avec des images créées de toutes pièces ?

Créer ces images m'a permis de réaliser à quel point les réseaux sociaux modifient notre connexion aux autres. Ils nous donnent l'impression d'être proches de gens qui postent beaucoup d'informations sur eux alors que ces dernières sont attentivement retravaillées pour raconter une histoire. Dans les films, nous pouvons nous sentir connectés avec un héros comme James Bond ou Batman, mais nous savons très bien qu'ils sont fictifs. Sur les réseaux sociaux, la ligne est plus floue.

Créer des portraits et des histoires qui touchent les gens mais sont tirés de la fiction, accentue la proximité des réseaux sociaux avec la fiction et permet de pointer la facilité avec laquelle on peut être trompé.

J'ai d'ailleurs eu un retour très positif d'un autre photographe sur Instagram qui m'a dit que les images que je créais avaient une âme, et ce, bien plus que les gens qu'il prenait réellement, car ceux-ci étaient souvent vaniteux et vides.

Aussi, j'aime aborder des sujets sensibles ou difficiles, car c'est ce qui fait le plus écho aux émotions brutes des lecteurs. Au fur et à mesure, ce projet est aussi devenu thérapeutique, j'ai commencé à intégrer aux récits des éléments de ma vie et de celle de mes proches et les histoires sont devenues des exutoires qui m'ont aidé à faire face aux drames que je vivais. Aujourd'hui, le réel et le fictif sont complètement entremêlés.

 

Au-delà des textes, vous avez aussi intégré plusieurs portraits pris avec votre appareil photo parmi les images créées avec l'IA, sans l'indiquer. Pourquoi avez-vous voulu mélanger une fois encore le réel et le fictif ?

J'inscris toutes mes images comme créées en utilisant l'IA bien qu'en effet, trois d'entre elles soient de vrais portraits. Je préfère respecter l'intimité des gens que je photographie ou dont je raconte l'histoire et donc ne pas l'indiquer. Mais j'ai voulu les mélanger, car c'est en créant des portraits avec l'IA que j'ai réussi à prendre davantage confiance en moi et c'est grâce à ça que j'ai osé demander à des gens si je pouvais les photographier. Pour moi ils sont entremêlés, les uns ont permis les autres, et les deux ont le même objectif d'expression.

 

Quelle a été la réaction de votre communauté lorsque vous avez annoncé que vos photos n'en étaient pas réellement ?

Avant de commencer à travailler avec l'IA j'en avais une vision complètement différente. Je voulais créer des images qui trompent les gens. Les premières images que l'A générait n'étaient pas ressemblantes et les gens n'étaient pas dupes parce que je les postais telles quelles. J'ai commencé à les éditer, mais je n'en étais pas encore convaincu alors je les ai davantage post-produites et c'est à ce moment que les gens ont vraiment commencé à y croire. Mais après autant de travail, est-ce que c'est toujours une création de l'intelligence artificielle?

Je ne voulais pas être malicieux et j'aurais préféré dire la vérité aux gens, mais si j'avais révélé la supercherie dès le début je n'aurais pas pu tester ma théorie. Je ne pensais pas qu'autant de gens commenceraient à me suivre, et se laisseraient duper.

J'ai eu peur de ce succès et ai préféré tout révéler.

Il y a eu plusieurs commentaires de personnes en colère, mais bien plus de retours positifs et de compliments et ça me réchauffe vraiment le coeur.

 

Après autant d'heures passées à créer des images, quelle est votre conception de l'intelligence artificielle ? Pensez-vous que l'IA remplace l'humain un jour ?

Récemment Guillermo del Toro, Steven Spielberg et Hayao Miya-zaki se sont prononcés sur l'IA et ont complètement condamné la pratique. Je trouve ça particulièrement ironique parce qu'ils sont devenus célèbres en décrivant à d'autres ce qu'ils avaient en tête et en leur demandant de créer des images qui matérialisent leur vision. C'est exactement ce que fait l'IA, seulement elle permet à tout le monde de le faire et pas uniquement aux plus gros portes-monnaie

Quant au fait de remplacer le travail humain, si l'on regarde les évolutions artistiques passées, ce n'est pas près d'arriver; nous avons toujours des portraits peints malgré l'apparition de la photographie. Et il y en a même de plus en plus. Une discipline ne réduit pas le nombre de créations d'une autre, elle augmente le nombre de créations total ! L'IA ne volera aucun job.

Au contraire, elle augmentera les opportunités pour les créatifs qui n'ont pas forcément de capacités photographiques

Selon moi, l'IA va permettre d'augmenter la capacité créative de la société dans son ensemble ...

 

Afin d'aller plus loin, lire l'integralite de l'entretien dans le magazine PHOTO n°555 - Avril 2023.


Source : PHOTO Magazine

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